Sauf dans certaines épreuves en compétition, l’immense majorité des pilotes de paramoteurs portent très peu d’importance et même d’attention à la consommation de carburant précise de leur machine. La consommation n’est souvent pas un critère de choix d’une nouvelle machine.
Et pourtant, quand on parle de machine électrique un des premières questions qui vient et quasi systématiquement à l’esprit des gens c’est « Quelle est l’autonomie ? »…alors que l’autonomie est justement directement liée à la consommation…Rarement ces mêmes personnes ne poseraient cette question à un fabricant de machine thermique…Un peu paradoxal non ?
Mais cela se comprend, on vous l’explique dans cet article.
Critères de choix de mon futur paramoteur ?
Généralement ce qui compte essentiellement pour le choix du pilote (hors usage en compétition) c’est la poussée statique et le poids de la machine (à vide). Ces 2 critères sont en effet importants car ils vont conditionner les performances et le confort d’utilisation de leur machine.
La facilité d’utilisation (incluant le stockage et transport) et la fiabilité du moteur passent souvent en critère de choix secondaires, pourtant ces critères sont importants car il vont fortement conditionner le coût horaire de l’heure de vol mais aussi, et surtout, la sécurité en vol !
Le bruit et les nuisances sonores sont tout simplement, en règle générale, absents des notices techniques des fabricants de paramoteurs thermiques…Cela coute combien une oreille ? Et celles des autres ?
Bref, un pilote de paramoteur s’intéresse rarement à sa consommation précise de carburant et dans tous les cas il n’en fait pas un critère de choix prioritaire…
Ne parlons même pas du CO2 et du bilan carbone, rien que ces 2 termes hérissent la plupart des pilotes ULM. On s’est pris une volée de bois vert il y a quelques mois sur les réseaux sociaux quand on a osé évoqué le sujet ! Bref passons…mais au fond, on a bien compris qu’il y avait une bonne raison à ces comportements (qui étaient pour certains clairement orduriers). On développera pas plus ici, c’est pas le sujet mais on vous laisse cogiter…
Connaître la consommation de carburant de mon paramoteur ? Mais pourquoi faire ?
Alors oui, si si peu de pilotes s’intéressent à la consommation précise de leur paramoteur c’est parce qu’il y a une raison physique ou plutôt raison chimique : un L d’essence contient énormément d’énergie « brute », environ 9 kWh. Et ces 9 kWh vont fournir environ 1.5 kWh d’énergie utile mécanique à l’hélice sur un paramoteur à moteur 2 temps.
Alors une différence de consommation de +/- 0.5L/h de vol ne représente qu’une différente de puissance de 750W…soit 1 cv…C’est moins d’un dixième de la puissance du moins puissant des paramoteurs ! Difficile de sentir la différence en l’air !
Cette débauche d’énergie explique le peu d’intérêt à connaître sa consommation précise mais il explique aussi le désintérêt des constructeurs de paramoteurs thermiques à essayer d’optimiser les performances énergétiques des machines.
Après tout, faut les comprendre : c’est le client qui paye l’énergie, pourquoi devrait-on investir à faire des machines plus performantes énergétiquement ? Les bons vieux moteurs 2 temps avec leurs 17-18% de rendement max. sont parfaits…
La consommation électrique ? Critère numéro un du vol électrique !
En propulsion électrique : c’est tout l’inverse car pour être performant et compétitif, le moindre Watt, le moindre Wh économisés comptent et pour y arriver il faut optimiser au plus juste les machines !
C’est la raison de la configuration Dragonfly bimoteur qui permet a) d’augmenter le rendement des hélices car elles ne sont pas sous le vent du pilote et b) d’améliorer le rendement de l’aile car elle n’est plus soumise au couple moteur.
Et bonne nouvelle, en électrique, nous avons la chance de pouvoir suivre en instantané la consommation et la puissance et de manière ultra précise au Watt près (et même plus précisément si on voulait mais cela n’a pas d’intérêt en ULM) ! Chose bien plus compliquée à faire sur un moteur thermique !
Mieux, l’électrique permet de créer des logs de vols très complets qui peuvent être analysés par la suite afin d’obtenir des informations sur vos vols que vous n’aurez jamais avec une machine thermique. Par exemple, on peut obtenir la consommation en Wh/+m, les Wh/s, les kWh/h, les Wh/km….
70% de rendement aéronautique pour un Dragonfly
Ces datas énergétiques, couplés aux datas de vol, permettent d’estimer le rendement physique réel de l’aéronef. Ainsi nous avons calculé un rendement machine de l’ordre de 70% pour un Dragonfly. La méthode consiste à diviser l’énergie utile du vol par l’énergie consommée à la batterie.
L’énergie consommée de la batterie est donnée électroniquement. Pour l’énergie utile, c’est l’énergie utilisée pour prendre de l’altitude et maintenir le palier.
Et comme par hasard, nous retrouvons le même ordre de grandeur que la méthode de calcul universitaire développée par Michel Kieffer.
Influence du poids pilote sur le PTV et la consommation d’un paramoteur électrique
Le paramoteur est l’aéronef motorisé le plus léger qui existe et le poids du pilote représente une part très importante du PTV, surtout en décollage à pied où le poids machine est très réduit par rapport au PTV.
Le poids du pilote est également la seule et unique charge utile d’un paramoteur (sauf si vous avez décidé de faire un largage de bonbons ou de cadeaux…certains le font). Pour comparer les performances d’une machine à l’autre il faut donc le faire à charge utile équivalente.
Le poids pilote a un impact important sur les performances énergétiques d’un paramoteur et dans le cas d’un paramoteur électrique nous pouvons quantifier l’impact du poids pilote sur l’autonomie en appliquant des équations aux datas réels d’un pilote de 92 kg !
Nous avons en effet, toujours communiqué sur les performances d’un Dragonfly avec un pilote de 92 kg, sans vraiment quantifier l’impact du poids du pilote sur la durée de vol.
Cet impact est en fait plus important que nous le pensions sur un Dragonfly comme vous allez le constater sur les 2 courbes ci-dessous.
Dragonfly 3 : 45 minutes de vol avec une machine électrique de 24.5 kg pour un pilote de 70 kg
L’heure de vol largement dépassée sur Dragonfly 2 de 28 kg avec un pilote de 70 kg
10% de poids pilote en moins = 20% de durée de vol Dragonfly en plus
Ces datas permettent de tracer une autre courbe intéressante : celle du gain de durée de vol en % par rapport au gain de poids pilote.
Il est intéressant de constater qu’il apparait un facteur d’environ 2. Par exemple si le (ou la) pilote est 15% plus léger(e), il (elle) pourra voler 30% de temps en plus.
Attention ceci n’est valable qu’en vol électrique Dragonfly sur une machine thermique ce n’est à priori pas valable (mais si certains ont des chiffres précis de consommation par rapport au poids pilote, indiquez les en commentaires) et ce n’est pas tout à fait valable pour d’autres machines électriques plus lourdes (là aussi si vous avez des datas, indiquez les en commentaires) car le poids du pilote intervient moins dans les calculs.
Résultats à confirmer en vol avec des vrai(e)s pilotes de 80, 70 et 60 kg…ou moins !
Ces graphiques sont issues de datas réels sur lesquels nous avons appliqué différentes équations : il faut les prendre comme des prédictions de développement. Ces prédictions seront à confirmer avec d’autres pilotes de ces gammes de poids…quand cela sera possible !
Alors avis aux amateurs…et surtout aux amatrices de 50 à 60 kg pour confirmer ces calculs….(sur un malentendu ça peut…nan rien !)